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  • Gaz de schiste: l’alerte

    Publié le 22 Juin 2016  





    Débat : À Montpellier, le colloque était destiné aux élus. Mais ils n’étaient qu’une vingtaine.

    L'association No fracking France organisait vendredi à la faculté d’économie de Montpellier un colloque à destination des élus locaux. Le géologue canadien Marc Durand a fait le déplacement pour l’événement.

    Vos recherches portent sur la non-étanchéité des puits...
    Sur les 30 forages qui ont été effectués entre Québec et Montréal, 5% fuyaient, dont deux majeurs où il est question de plusieurs litres à la seconde. Ce sont des puits de méthane, qui a un pouvoir à effet de serre 86% plus fort que le CO2. Et il s’agit de puits neufs. Le plus préoccupant, c’est que la proportion atteint 50% de fuites sur les 15 000 puits aux États-Unis, quinze ans après le démarrage, une fois qu’ils ont été abandonnés et que la corrosion s’est installée.

    Vous dites aussi qu’il reste beaucoup de gaz et de pétrole une fois l’exploitation terminée...
    2 % seulement du pétrole sont captés. On peut récupérer plus de gaz, environ 20%. On ferme le puits parce que le débit n’est plus assez intéressant pour l’exploitant, mais il ne tombe pas à zéro. Le gaz va remettre en pression les puits qui eux-mêmes vont se corroder et devenir peu étanches... C’est la recette pour un coût astronomique qui va être celui que les prochaines générations devront gérer.

    Et le coût incombera à l’État ?
    Les puits abandonnés sont transférés à l’État. C’est le cas chez nous au Québec et chez vous en France. L’exploitant n’a qu’un bail.Ça coûte parfois des dizaines de millions d’euros pour réparer et boucher une fois qu’une fuite est amorcée. Aux États-Unis, les propriétaires des terrains du Dakota du Nord sont propriétaires du pétrole qu’il y a dessous. Ils ont tout intérêt à vendre leur âme au diable, ils touchent des milliers de dollars. Mais pour les années futures, leurs voisins pourront les poursuivre pour contamination de l’eau potable ou de celle qui alimente le bétail. Les avocats américains ont un très beau terrain de pratique pour la prochaine génération.

    Vous qui étudiez la question depuis six ans, comment lisez-vous la stratégie des pétroliers ? 
    Leur budget de relations publiques est dix fois plus élevé que leur budget de recherches. Ils ne font pas de recherches, par exemple, pour voir en combien de temps les puits se dégradent. Au Québec, ils ont embauché un ancien Premier ministre et un ancien ministre de l’Environnement pour servir de porte-parole.... Ils ont fait long feu parce que l’opposition populaire était telle qu’ils y ont perdu des plumes. Les pétroliers ont payé la rénovation de clochers pour se mettre le curé de leur côté, ils financent des recherches aux États-Unis pour contrer les quelques oppositions, pour masquer le problème. C’est le même combat qu’à l’époque dans les liens entre tabac et cancer.

    © Recueilli par Arnaud BOUCOMONT  


    À LA LOUPE

    Bancs vides

    Elisabelle Bourgue, organisatrice du colloque au nom de No fracking France, a dénoncé «un manque de courage» de la part des élus locaux. Une vingtaine seulement était là. Bien peu, quand on sait que la région en compte plus de 100000. Selon elle, «des consignes de ne pas venir ont été adressées de la part du parti Les Républicains, qui a mis l’exploitation des gaz de schiste dans son programme». Ça n’explique pas tout... Les socialistes, les centristes, les frontistes, les communistes et les sans étiquette étaient eux aussi réduits à peau de chagrin !

    Le cas des USA

    Pierre-René Bauquis, ex-directeur stratégie et planification du groupe Total, a assuré que les chiffres annoncés sur les réserves et les ressources de gaz et pétrole de schiste étaient «dénués de signification» parce que trop d’inconnues demeurent. Il a exhorté l’État à permettre et financer des études. Il a noté «l’extraordinaire réactivité de l’économie américaine, qui ne peut pas être reproduite ailleurs, une économie ultralibérale qui permet des coups d’accordéon gigantesques» avec des investissements qui varient selon les cours et «300000 personnes qui se retrouvent sans emploi». Il a souligné que la part de pétrole de schiste représentait 5,5% de la production mondiale et qu’à l’horizon 2050, selon lui, elle pèserait 15%.




     
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