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  • OGM, gaz de schiste, innovation : quand la technique remplace la politique

    Publié le 19 Février 2016  


    Lien vers l'article original: ici


    Crédit Photo : Lionel Bonaventure/AFP

    FIGAROVOX/HUMEUR - «Les Républicains doivent être le parti du gaz de schiste, le parti des OGM» a déclaré Luc Chatel lors du Conseil national des Républicains. Pour Madeleine de Jessey, la technique ne peut être le seul idéal politique du principal parti d'opposition.

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    Madeleine de Jessey est agrégée de Lettres classiques. Porte-parole de Sens Commun, elle est déléguée nationale des Républicains en charge de l'enseignement supérieur.

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    «Les Républicains doivent être le parti du principe d'innovation plus que du principe de précaution, le parti du gaz de schiste, le parti des OGM, le parti des biotechs»

    Voilà ce que beaucoup retenaient, hier encore, du Conseil national des Républicains. Abondamment relayée et commentée dans les médias, cette formule n'est certes rien d'autre qu'un extrait isolé qu'on aurait tort de faire retomber sur l'ensemble du parti, tant cette ode à la mondialisation était éloignée de la plupart des interventions qui auront émaillé le conseil des Républicains entre samedi et dimanche.

    Et pourtant, la formule en interpelle certains: entre l'innovation et la précaution, que choisir? Dans quelle voie engager notre famille politique? Derrière cette question se cache en réalité une vision binaire qui réduit trop souvent la politique à une lutte à mort entre progressisme et conservatisme. Or toute l'erreur consiste précisément à opposer ces deux «camps». De fait, la formule de Luc Chatel met implicitement le parti en demeure de choisir entre l'innovation et la précaution, comme si ces deux «principes» s'excluaient mutuellement. Ou, plus exactement, comme s'il fallait inévitablement donner à l'un l'avantage sur l'autre. En réalité, il n'y a pas à préférer l'innovation à la précaution, ou, inversement, la précaution à l'innovation, car l'une ne saurait aller sans l'autre. Cinq cents ans plus tard, faut-il le rappeler? Science sans conscience n'est que ruine de l'âme.

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    Ériger la technique comme finalité suprême de l'action politique, c'est accepter, demain, les utérus artificiels, les manipulations génétiques à visée eugénistes ou encore la prolifération anarchique des nanotechnologies au détriment de la santé publique, de l'environnement ou des libertés individuelles et collectives.

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    Par ailleurs, de tels propos semblent défendre la technique pour elle-même, indépendamment de la fin visée. L'agriculture française n'a-t-elle pas assez de ressources pour se passer des OGM? Ne doit-on pas promouvoir une nouvelle révolution agricole rendant aux agriculteurs français toute leur indépendance vis-à-vis des industries? Par amour des générations à venir, par souci du long-terme, ne doit-on pas prioritairement chercher à investir dans les énergies renouvelables plutôt que dans des réserves gazeuses qui se tariront tôt au tard? Autant de questions que des propos prononcés dans un élan de modernisme ne permettent pas de soulever.

    Le sujet va d'ailleurs bien plus loin que le gaz de schiste, les OGM et les biotechs. Ériger la technique comme finalité suprême de l'action politique, c'est accepter, demain, les utérus artificiels, les manipulations génétiques à visée eugénistes ou encore la prolifération anarchique des nanotechnologies au détriment de la santé publique, de l'environnement ou des libertés individuelles et collectives. Mais c'est aussi et surtout soumettre l'homme à la seule loi du marché. Alors que les États, depuis plusieurs années, réduisent leur contribution à la recherche, les principaux investisseurs sont aujourd'hui des investisseurs privés, le plus souvent mus par des considérations économiques. Faire du principe d'innovation et de la technique le but final de l'action politique, c'est, en fin de compte, subordonner le bien commun aux seules exigences du profit.

    Nos ambitions pour la France sont tout autres: plutôt qu'un parti qui absolutiserait la technique, nous voulons un parti qui fasse de l'homme son unique finalité. Car là où l'artificiel l'emporte, l'humain s'estompe: la modernité et la croissance ne constitueront un progrès qu'à la condition de rester au service de l'épanouissement humain.

    A la formule de Chatel, nous répondons donc: «Les Républicains doivent être le parti qui réconcilierait science et humanité ; le parti de l'agriculture écologique et de la protection des paysages ; le parti des énergies renouvelables et du respect des écosystèmes ; en un mot, le parti des avancées technologiques et du développement économique au service du vivant.»

    © Madeleine Bazin Figaro Vox

     
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