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  • Gaz de schiste : ne dites plus "fracturation" mais "massage de la roche" 

     Publié le 25 Janvier 2013 


    Puits de gaz de schiste à Washington en Pennsylvanie

    Pour remporter une bataille politique, il faut d'abord prendre l'avantage sur le terrain intellectuel. Gagner la guerre des mots. Les industriels du pétrole n'ont pas tous lu Gramsci. Mais ils mettent en pratique les analyses du théoricien communiste italien. Témoin, leurs réflexions actuelles autour du gaz de schiste. En France, l'exploitation de cet hydrocarbure non conventionnel est aujourd'hui interdite par la loi. En changeant le vocabulaire utilisé dans ce débat, est-il possible de sortir à terme du blocage ? Notamment en ne parlant plus de la très controversée "fracturation hydraulique", seule technique disponible pour extraire cette source d'énergie.

    Christophe de Margerie, le PDG de Total, se pose la question. "Je suis fasciné par la manière dont le terme de "fracturation" a cristallisé les clivages. Aux Etats-Unis, on parle de massaging de la roche. C'est peut-être une idée ?", s'interrogeait-il dans un entretien au Monde, le 11 janvier.

    "Le mot fracturation ne suffit pas à décrire toutes les technologies possibles", ajoutait quelques jours plus tard son homologue de GDF-Suez, Gérard Mestrallet, devant la presse. Parler de "stimulation" de la roche, c'est déjà moins violent." Et de suggérer d'autres termes encore, comme "brumisation", dans l'espoir que le dossier soit réouvert...

    En 2012, une étude publiée par l'université de Louisiane a effectivement montré que l'opposition à ces techniques était plus faible lorsque le mot "fracturation" était remplacé dans les sondages par des termes comme "injection à haute pression".

    EUPHÉMISMES


    Un casse-tête pour les hommes de communication chargés de promouvoir les gaz de schiste. Fracturation, cela fait peur. "On pense à une jambe cassée, et on a l'impression qu'on crée de profondes failles dans la roche", résume Yves-Marie Dalibard, le directeur de la communication de l'Union française des industries du pétrole. Or pour extraire le gaz piégé dans des roches imperméables, les pétroliers n'y créent que des fissures d'une largeur "équivalente à celle d'un grain de sable", plaide ExxonMobil.

    "Fissuration" serait donc un mot plus adapté, juge Roland Vially, géologue à IFP Energies nouvelles. Mais c'est celui de "fracturation" qui est employé par tout le monde depuis plus de cinquante ans, notamment aux Etats-Unis. Changer le vocabulaire risque de compliquer les choses."

    Quant aux autres mots proposés, ils ne paraissent guère adéquats. "Massage" et "stimulation" ont des connotations érotiques gênantes. Et "brumisation" semble un euphémisme vraiment trop "soft".

    "Je comprends que les pétroliers tentent de rendre la fracturation acceptable, comme lorsqu'Areva a parlé de recyclage des déchets nucléaires au lieu de retraitement, pour donner l'illusion qu'une solution avait été trouvée au problème", commente Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie-Les Verts. "Mais la réalité, c'est bien que cette technologie casse la roche !" Même tonalité chez Greenpeace : "N'entrons pas dans le débat sémantique, ni même dans celui sur la technique", recommande Anne Valette, chargée de campagne Climat pour l'organisation. "Pour éviter le réchauffement du climat, il faut surtout ne pas exploiter de nouvelles réserves fossiles."

    Pour les pétroliers, la bataille des mots n'est pas gagnée.

    © Denis Cosnard - Le Monde

     
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